Solidarité

Contre la fracture numérique

L’association DEFI est engagée dans Quartiers numériques, un programme de formation aux compétences numériques de base. Objectif : accompagner les lormontais les plus éloignés de l’outil informatique.

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« Je ne savais pas du tout utiliser un ordinateur. J’ai dépassé ma peur et aujourd’hui je sais faire des recherches internet, discuter avec ma famille au Maroc, classer mes photos », s’exclame avec joie Karima.

Partie de zéro, elle a suivi déjà plusieurs séances et n’est plus loin d’achever son parcours. A Lormont, le programme Quartiers numériques, piloté et financé par Bordeaux Mécènes Solidaires, est déployé par l’association DEFI avec le soutien de la Ville de Lormont, de la Préfecture, du département et du bailleur social Domofrance qui met à disposition un local afin d’accueillir les personnes décidées à se former au numérique.

Le programme Quartiers numériques forme gratuitement aux compétences numériques de base et s’adresse à tous les lormontais, du niveau débutant au niveau avancé. Marie-Pierre Henrot-Karpinski anime les ateliers depuis février 2020 :

« Nous fonctionnons en petits groupes de 6 personnes et offrons un accompagnement individualisé qui permet à chacun, quel que soit son niveau, de progresser à son rythme. L’objectif est d’acquérir des savoirs de base pour être autonome et en mesure, à terme, de réaliser des démarches en ligne ». 

Trois niveaux de formation

La formation comporte trois étapes. Une première étape mesure et évalue les compétences numériques de la personne. Une seconde étape oriente vers un parcours complet ou partiel d’ateliers hebdomadaires dont les ressources pédagogiques sont adaptées à chaque niveau (débutant, intermédiaire et avancé). La troisième étape évalue les compétences acquises et propose une orientation vers d’autres structures et partenaires pour aller plus loin et poursuivre le parcours.

L’approche pédagogique consiste à faire pratiquer pour apprendre, et non à faire à la place de. Ainsi, du fonctionnement de l’ordinateur à la la maîtrise du traitement de texte, en passant par la navigation internet, chaque participant bénéficie d’une formation adaptée à son niveau de connaissances, ses attentes et à ses appétences. Chaque niveau comprend 3 séances de 2 heures (voire davantage pour le niveau avancé). Des séances supplémentaires appelées « Permanences connectées » peuvent être proposées pour aider à surmonter une problématique informatique propre. Pour les participants ne disposant pas de matériel, le prêt d’ordinateurs est envisagé.

Surtout des femmes

Le programme Quartiers numériques s’adresse à tous même si Marie-Pierre Henrot-Karpinski souligne la présence d’une majorité de femmes. « C’est une réelle opportunité pour ces femmes des quartiers de s’initier et de gagner en autonomie dans l’utilisation de l’outil informatique ».
Karima, âgée de 51 ans ne regrette pas ses efforts. « Je suis arrivée en France en 2011 et j’ai voulu tout de suite m’intégrer dans ce pays que j’ai choisi en me mariant. J’ai suivi des cours de Français, j’ai appris à lire et à parler cette langue pour trouver ma place et exister en tant que femme libre et indépendante mais aussi en tant que citoyenne. Ne pas savoir utiliser l’outil informatique était impensable pour moi. Ces ateliers sont une chance formidable d’apprendre. Cela demande bien sûr des efforts, mais c’est tellement satisfaisant d’avancer, de progresser, de savoir faire les choses seule. Je suis fière de moi et des progrès que j’ai faits depuis que j’ai commencé. Comme quoi il n’est jamais trop tard pour apprendre ! ». Maman d’une fillette de 8 ans et séparée de son mari, Karima est auxiliaire de vie pour l’association AG+Services. Son salaire ne lui permet pas de se payer un ordinateur mais elle ne désespère pas d’y parvenir.  Elle fait pour l’instant avec un portable prêté par l’association DEFI. Pendant le confinement, elle a ainsi pu suivre des séances en ligne et ne pas perdre le fil. Karima prépare son dossier pour sa demande de naturalisation. « Pouvoir faire mes démarches pour acquérir la nationalité française, c’est une immense satisfaction », avoue t’elle fièrement.

Marie-Pierre Henrot-Karpinski aimerait également attirer les jeunes vers ce programme de formation. « Les métiers du numérique recrutent. Il y a même une pénurie de main d’oeuvre dans ce secteur. » Mobiliser les jeunes, et plus largement toute personne souhaitant se reconvertir, et qui n'ont pas eu la chance de suivre les cursus scolaires habituels, est aussi l’une des ambitions de ce programme de formation.

Ateliers gratuits, sur inscription.
+ d’infos :
Association DEFI - 06 22 20 25 37 / defiqn@gmail.com