L'année de ses 11 ans aura été l'année de la révélation pour Kylian. Candidat puis vainqueur du concours d’éloquence lormontais, Kylian a entrepris de porter la parole de ses camarades de classe et découvert le pouvoir des mots. C’est maintenant la parole de toute une génération qu’il s’apprête à défendre devant des millions de téléspectateurs.

Les mots sont portés par la langue. Quelle est ta langue maternelle ?

Ma langue, c’est le français. À la maison, mes parents parlent aussi maoré parce qu’ils sont nés à Mayotte, un département de France d’outre-mer situé dans l’océan indien. Mes parents sont venus en métropole pour que nous ayons, mes frères et moi, un plus bel avenir. C’est plus facile de faire des études ici. Je comprends le maoré et je le parle un peu… mais ma langue à moi, c’est le français.

Avant de participer au concours lormontais Les Messagers, est-ce que tu avais conscience du pouvoir de la parole ?

Quand j’étais plus jeune et que je voyais les gens parler, je pensais que ça ne servait rien, que parler n’était pas agir. Je me trompais. J’avais tout faux ! Quand notre maîtresse nous a annoncé que nous allions participer à un concours d'éloquence, j'ai d’abord pensé que c’était inutile. Mais comme je n’avais jamais testé par moi-même, je ne pouvais pas affirmer que je n’aimais pas ça, ni que ça ne valait rien. Alors j'ai été d’accord pour essayer. J’ai découvert que la parole est un grand pouvoir et aussi un sentiment de joie mêlé de stress.

Ton discours lors des Messagers s’intitulait « Bousculer le monde avec nos mots ». Pourquoi vouloir « bousculer » le monde ?

Certaines personnes causent du tort à d’autres : les harceleurs, par exemple. Avec des mots, on peut alerter sur une situation et rendre les gens plus solidaires. On peut aussi apprendre aux victimes à se défendre, non pas avec des coups mais avec des paroles, parce que les mots peuvent frapper plus fort que poings. Parfois, on peut même raisonner les personnes malfaisantes et les convaincre de changer de comportement.

Qu'est-ce qui aurait été différent dans ta vie si tu n'avais pas participé aux Messagers ?

Sans Les Messagers, je ne serais pas interviewé aujourd’hui et je n’aurais pas la possibilité que j’ai de faire passer des messages. Sans Les Messagers, je n’aurais pas été contacté par France 2 et je ne participerais pas au Grand Oral. Sans Les Messagers, je ne serais pas non plus en train de tourner un film.

Tu joues dans un film en plus de ta participation au Grand Oral ?

Oui, ce n’est pas une grande production mais c’est un film intéressant, réalisé par Thomas Bardinet. Ça s’appellera La Sorcière et le Martien. Le martien, c’est moi. Je tourne tous les mardis. Thomas Bardinet m’a repéré le jour de la finale des Messagers. Pour le Grand Oral, c’est pareil. Ils m’ont repéré grâce la vidéo YouTube des Messagers et ils m’ont contacté pour voir ce que je vaux en vrai.

Comment s’est passé ta première expérience parisienne avec le Grand Oral ?

D’abord ils m’ont fait enregistrer une vidéo pour voir si c'était aussi bien que sur YouTube. Ensuite j'ai participé à un casting avec 29 autres personnes. J’étais le plus jeune. Pour l’enregistrement du concours télévisé, ils n’ont gardé que 9 personnes et j’en fais partie. Je suis bien sûr toujours le plus jeune. L’enregistrement a lieu le 22 janvier et la diffusion télé le 4 février.

J’ai lu que tu étais toujours soutenu par ta maîtresse de l'an dernier...

Oui et aussi par mes autres maîtres et maîtresses de l’école Albert Camus. Je parle d’eux dans mes textes. C’est à partir du CE1 que j’ai commencé à avoir envie de devenir écrivain. J’avais déjà pris conscience de l’importance de l’écrit mais pas encore celle de l'oral, alors que, en fait, c’est complémentaire. Il faut savoir parler pour être lu.

Est-ce que d’autres jeunes éloquents sont des modèles pour toi, Greta Thunberg par exemple ?

Greta Thunberg me touche. C’est une adolescente qui défend l'environnement, la planète et notre futur. À part cette personne, mon grand modèle d’éloquence c’est Martin Luther King. Il disait « I have a dream » et en racontant son rêve, en le partageant par la parole, il a changé le monde. C’est ce que je vais raconter lors de mon Grand Oral. Et ensuite je leur dirai mon rêve à moi.

Quel est ton rêve à toi ? Quel message souhaites-tu faire passer, en espérant bousculer les consciences ?

Je souhaite que les gens accordent plus d’importance à la parole des enfants. Ce n'est pas parce qu’on est petit qu’on ne sait pas ce qu’on dit. Comme je suis le plus jeune du concours, je pense que c’est à moi de défendre cette cause. Les enfants doivent être écoutés et pris au sérieux. Greta Thunberg est écoutée. Les autres enfants doivent pouvoir être entendus aussi. C’est un message que je veux défendre, même après le Grand Oral.

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