Exposition, Portrait

Laurent Valera : Le souffle de l’eau...

Artiste plasticien pluridisciplinaire Laurent Valera présente ses œuvres au Bois fleuri jusqu’au 30 octobre en ouverture de la saison culturelle 2021/2022. Intitulée H-0-H, cette exposition aborde l’eau comme intangible structure du vivant.

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Après une carrière dans le bâtiment et les travaux publics, Laurent Valera intègre en 1998 l’École des Beaux-Arts de Bordeaux en auditeur libre pendant 4 ans. Là, il s’initie à un travail artistique et à un processus créatif qui ne le quitteront plus, axés autour d’une réflexion récurrente sur les origines de la vie, les symétries du vivant et l’eau comme souffle originel…

Interview de Laurent VALERA pour son exposition H-O-H du 11 septembre au 30 octobre 2021.

« L’eau et le vivant me fascinent, s’exclame Laurent Valera. J’ai l’intuition que l’eau structure et conditionne tout ce qui est vivant. Elle représente 70% du poids total d’un humain et 98 % de celui d’une méduse ! Je m’intéresse aux rapports sensibles et sensitifs avec la nature. Les chasseurs cueilleurs avaient des capteurs beaucoup plus aigus que les nôtres et une vraie conscience d’appartenance au monde ».

Un travail qui ne laisse pas indemne 

Dans cette exposition, Laurent Valera propose une vingtaine de travaux récents, peintures sur bois ou sur papier, sculptures composées de robinetterie en laiton doré et une vidéo réalisée avec un texte poétique de l’auteure Frédérique Soumagne. Dans son approche picturale, Laurent Valera exprime un geste instinctif, une énergie vive qui semble jaillir de son fort intérieur. Il travaille à l’horizontal, à même le sol, avec des encres colorées qu’il contraint par son geste puis qu’il libère sur le support.  Il utilise des éléments plus ou moins perméables qui permettent d’obtenir des traces, des coulures, des mouvements aléatoires mais toujours liés à la symétrie du mouvement initié.

 

« Il y a un rapport sensuel et tactile de mon corps avec le support et l’encre, précise-t-il. Je m’allonge sur le support, je le caresse, j’interviens dans une dynamique qui me renvoie aussi énormément d’énergie. C’est un travail qui ne me laisse pas indemne. Dans nos sociétés industrielles, l’eau subit tellement de contraintes. Elle est canalisée, contrôlée, aseptisée et du coup elle perd une grande partie de sa force vitale. C’est le sens qu’évoquent aussi mes sculptures d’assemblage de robinets. Il nous faut libérer l’eau, libérer la vie… ».

Il arrive même à Laurent Valera de peindre à l’encre diluée sur une face du support et de se laisser surprendre par ce qui se joue sur le verso suivant les qualités d’absorption et de diffusion dans la matière. Face à ses œuvres, nous nous trouvons en mode de respiration, de mouvement permanent propre à toute vie. Il s’en dégage quelque chose à la fois de minéral et d’organique, qui nous relie en tant qu’être humain à une animalité viscérale originelle.

 

Éloge de la symétrie cambrienne

De façon concomitante, la notion de symétrie interroge et intrigue Laurent Valera depuis de nombreuses années. Il faut dire que la formule du vivant est une inépuisable créatrice de symétries. Ces correspondances se retrouvent partout : sphérique chez les organismes unicellulaires primitifs (planctons), radiale pour la plupart des fleurs et des plantes ou bilatérale (droite-gauche) chez la majorité des animaux. Cette dernière, appelée aussi "en miroir", est apparue lors de l’explosion cambrienne il y a 500 millions d’années, période clef de la diversification du vivant.

 

Formule brute de l’eau, H2O devient H-O-H car Laurent Valera prend un grand plaisir à manier et à interpréter l’idée du double en symétrie. Dans son atelier de l’Annexe B au Grand Parc, il élabore toute une gestuelle corporelle et visuelle sur cette notion. Le fluide, comme élément vital, se libère dans un écoulement en mode reflet, coloré et alambiqué. Tel un test de Rorschach bigarré, ces peintures offrent une grande part à l'interprétation personnelle tout en nous ramenant inéluctablement à une forme d’évidence. Nous sommes tous issus du vivant et du mouvement perpétuel du souffle de l’eau. La vie est mouvement, seule la mort physique est figée.

Au Bois fleuri, Laurent Valera nous invite à retrouver des chemins sensibles vers des dimensions quasi spirituelles de cet élément aqueux sacré. Rassérénant et nécessaire.

Salle d’exposition du Bois fleuri
du 11 septembre au 30 octobre 2021
Vernissage le samedi 11 septembre à 18h.
Rencontre avec l’auteur et lecture d’œuvre le samedi 18 septembre à 15h
Tout public. Entrée libre sur présentation du pass sanitaire.
Plus d’infos :
06 75 59 47 87 / culture@lormont.fr / laurentvalera.com
> La page consacrée à l'exposition