Mangas

Le manga, un art à part entière

La médiathèque du Bois fleuri accueille encore pour quelques semaines les œuvres de Jacqueline Hormazabal, jeune illustratrice lormontaise. Des dessins ancrés (et encrés !) dans l’univers manga.

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Il lui semble avoir toujours dessiné. Mais c’est toute jeune, en achetant son premier manga, que Jacqueline Hormazabal a eu le déclic. Aujourd’hui, à 25 ans, la jeune illustratrice lormontaise n’a pas vraiment quitté cet univers. Et si elle se dit tout naturellement attirée par l’ensemble de la pop culture asiatique présente dans les animes, les jeux vidéos ou la musique, elle démontre un vrai talent pour illuminer les paysages.

« Je m’inspire parfois d’un mot ou bien j’humanise des concepts, des objets, des éléments naturels, comme l’automne ou la pluie que j’aime particulièrement. »

Timelapse d'une illustration de Jacqueline Hormazabal

Le manga, une culture partagée

Autodidacte opiniâtre, Jacqueline a fait siennes des techniques graphiques délicates à maîtriser, dessinant sans relâche, chaque jour.

« J’aime bien diversifier les techniques. L’approche est différente, témoigne la jeune illustratrice. En digital, sur une tablette graphique, on peut approfondir des effets et jouer avec la lumière. Le noir et blanc traditionnel, à la façon des mangakas (les dessinateurs japonais de mangas) est en revanche très difficile. »

Depuis peu elle se lance dans un univers créé à quatre mains avec Catia, une amie suisse, illustratrice débutante comme elle. Toutes deux espèrent le développer en « webtoon », série BD publiée en ligne.

Sa passion, elle la partage aussi au quotidien avec les enfants auprès de qui elle travaille comme animatrice périscolaire de l’école Paul Fort.

 

« Je m’appuie beaucoup sur l’illustration pour communiquer avec eux, leur proposer des projets ou simplement des coloriages originaux. Ils sont nombreux à dessiner et certains se débrouillent très bien !, constate la jeune femme. Je les incite à persévérer et à croire en eux. Ils me demandent souvent de dessiner à leur place, au début, puis ils prennent confiance. Je leur montre que moi aussi j’apprends et progresse tous les jours. »

Une première exposition à la médiathèque du Bois fleuri

Jusqu’en décembre, et pour la première fois, Jacqueline Hormazabal expose à la médiathèque une vingtaine d’œuvres : des créations personnelles ou des dessins inspirés d’univers d’autres artistes, les fan arts.

« J’ai rencontré Jacqueline en mars. Elle voulait me présenter ses dessins, raconte Stéphane Péres- dit-Perey, l’adjoint au Maire chargé de la culture. Nous voulions lancer la saison sur une thématique générale intitulée "Déconfinons nos imaginaires". Comme Lormont a répondu par ailleurs au plan de relance de Bordeaux Métropole pour soutenir la création artistique, nous avons décidé d’enrichir notre ouverture de saison d’un événement autour de ses œuvres. C’était l’occasion de les mettre en valeur en réalisant de beaux tirages numériques, soigneusement encadrés, soulignés de cartels comme dans toute exposition. »

De beaux débuts pour la jeune dessinatrice et, pour le manga, une entrée remarquée à la médiathèque en tant que discipline artistique. En japonais, le mot manga signifie « dessin dérisoire ». Le style est pourtant devenu un art à part entière, ce dont se réjouit Jacqueline.

« On se dit souvent de façon péjorative que c’est pour les gamins. Mais ça peut être sérieux, poétique, et même parfois sombre. Le manga n’est pas destiné qu’aux jeunes et n’attire pas qu’eux, malgré ce qu’on peut penser ! »

 

Timelapse d'une autre illustration de Jacqueline Hormazabal

En marge de son exposition, Jacqueline a également animé au Bois fleuri plusieurs ateliers de dessin qui se sont taillés un joli succès (et devraient être reconduits en 2022). «Ils ont amené un nouveau public à la médiathèque,  souligne l’élu à la culture. Il y existe depuis longtemps un rayon dédié, géré par Anthony, au sein du secteur ados-adultes. Cet engouement l’a incité à créer un club de lecture manga. » Une première qui pourrait être suivie d’autres projets, déjà en germe, où le manga occuperait une place notable et où la jeune dessinatrice aurait un rôle à jouer.

« Je remercie la ville de Lormont qui m’a ouvert les portes de la médiathèque et me permet de faire connaître mes productions. Je n’ai pas fait d’études d’art. Je ne me sens pas toujours légitime comme artiste, mais maintenant ça fait son chemin  » confie la jeune dessinatrice.

 

 

Après cet avant-goût à la médiathèque, on appréciera la délicatesse de son trait et la finesse de sa technique sur les réseaux sociaux.