Exposition

Les visages illuminés de Ken

Ancien responsable dans le prêt-à-porter, Ken Wong-Youk-Hong change de vie en 2019 en se consacrant entièrement à sa passion pour la photographie. C’est aujourd’hui une évidence, l’œil de Ken a énormément de choses à nous montrer, à nous révéler…

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Il y a peu de temps encore, Ken Wong-Youk-Hong profitait de son temps libre pour converser et partager ses repas avec les sans-abris qu’il croisait quotidiennement à proximité de son lieu de travail. Il a commencé à créer un lien humain naturel et indispensable avec ses amis de la rue avant d’avoir envie, un jour, de les photographier pour témoigner de leur beauté. Ce fût le déclic qui confirma son indéfectible attrait pour ce médium. Il ne pourrait plus vivre sans faire de photos.

Ken ne se force pas dans l’empathie, c’est sa nature profonde, il ne joue pas un rôle. Il est viscéralement humain. C’est à la fois probablement sa nature profonde mais aussi lié à l’éducation qu’il a reçue. Né en Guyane en 1978, d’une mère martiniquaise et d’un père d’origine chinoise, Ken Wong-Youk-Hong est un enfant de la mixité. Il a grandi auprès de deux femmes aimantes, sa mère et sa grand-mère, qui lui ont inculqué dès son plus jeune âge la générosité et l’altruisme.
Pour lui, la photographie doit défendre une cause, sensibiliser l’opinion publique. C’est le médium le plus populaire et le plus pertinent car à l’impact instantané.

« J’adore la photographie parce que c’est un moyen d’expression simple, accessible et qui donne un résultat immédiat, compréhensible par tous  », s’exclame-t-il.

 

 

Ses images s’inscrivent dans une démarche citoyenne et poétique, elles expriment l’idée d’un meilleur vivre ensemble, d’un monde où les différences seraient une richesse. Simpliste, idéaliste ? Peut-être, mais ne devons-nous pas continuer à défendre certaines valeurs en cette période trouble de peur constante de l’autre, nourrie par cette obsession phobique du grand remplacement ?

 

 

 

De jour comme de nuit, Ken travaille avec un flash déporté et son appareil Fujifilm moyen format, ce qui lui permet de proposer des tirages de grandes dimensions. Les visages sont lumineux avec un arrière-plan sombre, cet éclairage spécifique contribue à créer son style si singulier. C’est sa patte, ce qui permet de reconnaître aisément ses images parmi le flux continu qui inonde les réseaux sociaux. Malgré cette surproduction d’images où tout le monde se prétend photographe (80 % des photographies produites dans le monde sont aujourd’hui réalisées avec un smartphone), Ken se fait vite repérer sur Facebook et Instagram par ses publications émouvantes et d’une grande qualité esthétique. Il associe de plus en plus le texte à l’image comme si une voix off témoignait d’un trait de caractère de la personne photographiée. Les commandes affluent et il mène aujourd’hui de nombreux projets avec des partenaires privés ou institutionnels. Pour autant, il n’a jamais délaissé ses premières amours et ses collaborations avec des associations caritatives se poursuivent parallèlement au fil du temps.

 

 

 

A Brassens Camus, l’exposition intitulée Yemma, co-réalisée avec Fayçal (collectionneur), présente des photos actuelles de mères avec leur(s) enfant(s) tirées sur bâche grand format avec en vis-à-vis des images anciennes, d’une autre époque. Ces photos dialoguent entre elles et évoquent la question de la temporalité et du rapport à l’intime, de cette tendresse exprimée différemment avec plus ou moins de solennité. Chineur incorrigible et habitué des puces du quartier Saint-Michel à Bordeaux, Fayçal  a recueilli des images simples et surprenantes.

« Dans ma collection, la mère et les enfants ont la part belle. Ils sont souvent au cœur des albums. Le père est généralement sous représenté et c'est d'ailleurs lui qui se retrouve derrière l'appareil… », explique-t-il.

 

 

Qu’elles soient anciennes ou récentes, toutes ces photographies questionnent sur le rapport à la maternité.  Que signifie être mère en France ou dans son pays d’origine, aujourd’hui ou au début du XXe siècle ? Quelles traditions s’inscrivent autour de l’accouchement, de l’éducation ou de l’amour ?

« Je suis fasciné par la relation que ma femme entretient avec mes beaux-enfants et j’ai eu envie de photographier d’autres mères dans toute leur diversité et tout leur amour. C’est une façon aussi de mettre en exergue toute la pluralité de la population française », précise Ken.

 

 Intégré au projet « Histoires croisées », porté par l’association Didée, cinq ateliers sur le thème de la maternité, animés par Hélène Capelle de la Compagnie du Risque et photographiés par Ken, se tiendront durant le temps de l’exposition. Une restitution de ces temps d’échanges et de partages est prévue avec la publication d’un ouvrage dans le courant de l’année prochaine.

 

Plus d’infos :
> loeildeken.fr

Yemma
Exposition de Ken Wong-Youk-Hong et Fayçal
Organisée par l’association Didée en partenariat avec la Ville de Lormont
Brassens Camus du 22 octobre au 17 décembre 2021
Dévernissage le vendredi 17 décembre à 18h.
Tout public. Entrée libre dans le respect des consignes sanitaires en vigueur.