Spectacle vivant

Pendant le confinement, la création continue

Afin de soutenir la création et les artistes affectés par le nouveau confinement, Lormont a décidé d’ouvrir le plateau de l’Espace culturel du Bois fleuri à des compagnies professionnelles, pour des séances de travail au mois de novembre.

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Avec le nouveau confinement, le 30 octobre, s’est amorcée une nouvelle période de salles vides, les équipements culturels étant de nouveau interdits au public. La programmation ainsi suspendue, la réponse lormontaise ne s’est pas fait attendre : « Dès que nous avons su que les artistes avaient tout de même le droit de travailler et de répéter, nous avons proposé à des compagnies de les accueillir dans la salle de spectacle de l’Espace culturel du Bois fleuri, puisque le plateau était libre. » raconte Lucille Méziat, chargée de la gestion et de la programmation des lieux.

« Elles devaient pouvoir justifier d’une rémunération, donc d’une autorisation de travail. Il était malheureusement impossible de faire cette proposition à des amateurs. »

Trois compagnies ont répondu positivement. Betty Blues a occupé la salle de spectacle quatre jours, afin de préparer son spectacle musical La vie devant nous, qui sera créé en janvier à Lormont. Une juste compensation, la résidence prévue au printemps ayant dû être annulée une première fois pour cause de confinement. La compagnie La Naine Rouge a pu poursuivre les répétitions de Souvenirs de nez crochus, spectacle dont la première aurait dû être jouée le 25 novembre.

Un mission : nourrir la création

Du 23 au 25 novembre, c’est la compagnie lormontaise Pension de Famille qui a organisé des séances de travail sur le plateau du Bois fleuri. Comme en témoigne Laurence de la Fuente, autrice et metteuse en scène, « la comédienne Lucia Sanchez et moi-même étions en train de terminer l’adaptation du livre de Véronique Ovaldé, Soyez imprudents les enfants. Nous nous sommes saisi de la proposition de la Ville de Lormont pour approfondir l’exploration, l’interprétation et la scénographie du texte. Lucia vivant à Paris, nous avions déjà dû échanger à distance, au printemps, sans possibilité de répéter. Cette offre nous accorde du temps pour travailler. » Un timing parfait, au moment où les deux artistes débutaient des ateliers, autorisés mais masqués, avec les élèves du collège Lapierre, dans le cadre du dispositif Un artiste au collège, porté par le Département de la Gironde.

« Cette aide au fonctionnement vient compléter l’aide financière de l’IDDAC sur ce projet, » souligne Laurence de la Fuente. « C’est d’autant plus précieux que nous avons dû également repousser des rencontres qui devaient démarrer à la médiathèque avec des Lormontais. Elles allaient alimenter un projet qui repose sur l’idée de résider, à la Georges Perec… une façon de décrire une ville à partir des adresses qu’on a occupées au cours de sa vie. »

Reprise sous conditions le 15 décembre

« Cette période est difficile pour beaucoup d’artistes, » analyse Lucille Méziat. « Les deux confinements auront un impact sur les saisons à venir. Car, même si la création s’est poursuivie, et si l’on a connu quelques mois de répit cet été, tout le planning de programmation s’est décalé. Mais ce qui pourrait également mettre en péril de nombreuses compagnies, c’est une baisse de moral dans cette période incertaine. Lormont a voulu redonner un peu de confiance et d’élan aux artistes, au moment où certains se questionnent sur leur survie. »

Les annonces présidentielles du 24 novembre permettent d’envisager la suite un plus sereinement. « Nous espérons que l’ouverture dès le 15 décembre se confirmera (elle est subordonnée à un point sanitaire) et qu’à partir de janvier, on pourra dérouler le programme, » commente Lucille Méziat.

« C’est rassurant, malgré les incertitudes qui demeurent pour les six prochains mois. Il est heureux que nous ayons eu la possibilité d’inviter des compagnies à poursuivre leur travail. Quand un spectacle est amputé du temps de conception ou de médiation avec le public, le processus de création est ralenti. Les œuvres ne tombent pas du ciel. L’artiste ne crée pas seul dans son coin. Il est en lien avec ce qui se passe. Ce geste de la Ville se situe dans la logique des résidences que l’on organise déjà habituellement. Nous sommes là pour accompagner la création autant que pour la diffuser. »

 

Comment ne pas devenir ce que l’on ne veut pas être
C’est le titre provisoire du spectacle préparé en novembre par la compagnie Pension de Famille sur la scène de l’espace culturel du Bois fleuri. Cette adaptation du roman de Véronique Ovaldé, Soyez imprudents les enfants est un récit initiatique qui évoque l’émancipation d’une jeune Espagnole, Atanasia. « Il évoque la manière dont on se libère des déterminismes sociaux, » précisent Laurence de la Fuente et Lucia Sanchez. L’adaptation intégrera des éléments documentaires, des archives sonores et filmées, ainsi que des souvenirs collectés auprès de l’Amicale culturelle des hispanisants de Lormont et de collégiens lormontais, dont certains ne sont pas nés en France.
C’est désormais acquis : une sortie de résidence avec les collégiens aura lieu le 22 février au Bois fleuri. Et le spectacle vivant pourra, espérons-le, retrouver sa fonction initiale. Comme le souligne Laurence de la Fuente : « notre métier c’est d’être ensemble, de respirer ensemble. »