Portrait

Renelle, sous toutes les coutures !

La retraite ne sonne plus la fin des activités pour les seniors. A 77 ans, Renelle Robinet est toujours en action, sur son balcon, devant sa machine à coudre ou dans les locaux de l’Espace textile.

Mis en ligne le

Elle vous reçoit debout dans son séjour, débordante d’une belle énergie qu’on devine nourrie par un tempérament volontaire. « Je n’aime pas m’asseoir, » confirme Renelle Robinet. Son médecin lui a bien conseillé de ne pas rester sans rien faire. Ça tombe plutôt bien, Renelle est toujours en mouvement. « Je n’ai jamais arrêté de travailler depuis que j’ai commencé dans les usines de textile, à l’âge de treize ans, » précise-t-elle.

« J’ai été à la chaîne pendant 20 ans. Il fallait bosser ! Si on réussissait à faire 50 pièces à l’heure, on nous en donnait 55 l’heure d’après… J’étais très appréciée et j’ai quatre médailles du travail ! »

Une vie de travail et d’endurance

Originaire du département de l’Aisne, dans le Nord, elle a déménagé en 1974 avec son mari, muté à l’usine Beghin Say de Bacalan. « Nos enfants avaient trois ans, un an et deux mois. Rapidement, mon mari, qui était malade, est décédé. » Veuve à 33 ans, Renelle a dû alors élever seule ses enfants dans son logement de Génicart.

En Gironde, pas d’usine de confection comme dans l’Aisne. « De toute façon, là-bas, tout a fermé, » constate-t-elle. Pour nourrir sa famille, elle a enchaîné plusieurs métiers pendant des années, cumulant parfois les heures de ménage chez les particuliers, avec le travail en soirée pour une société de nettoyage.

« Je n’aurais pas assez d’un livre entier pour citer tous les gens pour qui j’ai travaillé ! Chez Renault, au Pont-de-la Maye, le grand patron ne voulait personne d’autre que moi pour son bureau. J’étais la plus discrète. Quand je suis partie à la retraite, il m’a même fait un cadeau ! »

Bénévole à l’Espace textile

Mais son plus beau cadeau, c’est sans aucun doute la réussite de ses trois enfants, dont elle parle avec fierté. « Je n’ai pas eu trop à me plaindre. Je travaillais tard et ils se débrouillaient seuls. »

C’est sa fille qui lui a conseillé de se mettre en contact avec l’Espace textile, pour se changer les idées. « Au début je trouvais ça trop petit et ça ne me disait rien. Ma fille a insisté. » Comme elle a eu raison ! Depuis un an, Renelle y est bénévole, profitant des jours que lui laissent ses autres activités pour rejoindre les couturières de Carriet.

« Certaines sont plus expérimentées et professionnelles. Je partage mon savoir-faire pour enfiler une aiguille, mettre une canette dans la machine, assembler les tissus… C’était mon métier. Les machines, les surjeteuses, les brodeuses... je les connais par cœur ! Et même les récentes, les électroniques, je comprends comment elles fonctionnent à l’instinct. »

Confinée, mais active devant sa machine

55 jours de confinement et la baisse des activités associatives ont failli avoir raison de son beau tempérament… et de la robe commencée en mars !

« J’étais toute seule, je ne sortais pas, seulement pour faire les courses. Ça faisait du bien à mes jambes. Le Centre communal d’action sociale m’appelait chaque semaine pour voir si j’avais besoin de quelque chose. À force de ne plus voir personne, j’ai même eu une phase où je ne pouvais plus parler ! »

Chez elle, Renelle s’est alors lancée dans la fabrication de masques barrière. « L’espace textile venait m’apporter les tissus en début de semaine, dont je tirais 50 ou 60 masques. » Son expérience de la chaîne a beaucoup profité à la production : « Pour aller plus vite, il faut séparer chaque étape.

Mais j’ai tellement fait des masques pendant deux jours sans m’arrêter, que ma machine a chauffé. L’Espace textile m’en a prêté une pour que je puisse continuer. »

Une senior toujours verte !

Entre les moments partagés à l’Espace textile et les quelques heures de ménage ou de couture qu’elle fait toujours pour des particuliers afin d’arrondir sa petite retraite, Renelle parvient à s’adonner à son autre passion : le jardinage. Son balcon est couvert de fleurs, mais aussi de tomates, de piments et de persil. Un engouement qui lui vaut chaque année depuis 7 ans le premier ou le second prix du concours des balcons et jardins fleuris organisé par la Ville. « Dans le Nord, j’avais un jardin et, quand j’étais plus jeune, je vivais à la ferme. On se nourrissait grâce au potager. Il me faut toujours de la verdure autour de moi, » souligne-t-elle, regrettant l’absence de jardin partagé dans son quartier de la Ramade.

Avec la reprise des activités de l’association, Renelle a pu enfin achever sa jolie robe et continuer à donner du temps pour les autres, distillant ses conseils et sa bonne humeur partout où elle passe.